Je m’appelle Awa Cheikh Seck, je suis née un soir de février 89 à Dakar. Je suis issue d’une famille tout ce qu’il y a de plus « normal » dans notre société c’est-à-dire musulmane, polygame et nombreuse mais libérale, dans le sens où mes parents nous ont élevés dans un environnement de dialogue, mais surtout de perpétuelle remise en cause et en question de tout, enfin sauf de la religion et de l’autorité parentale. Mon père est un commandant de police à la retraite et ma mère une femme au foyer. Ils ont pour règle d’or l’excellence, donc les premiers prix, je n’ai jamais aimé les règles du coup j’ai dévié de celle-là. Du fait de la profession de mon père nous avons vécu dans plusieurs régions du Sénégal, assez différentes les unes des autres économiquement mais surtout du point de vue des populations. Ces voyages et échanges ont suscité chez moi le besoin quasi systématique de saisir les gens, d’où ils venaient ? Qui ils étaient ? À quoi ils croyaient ? Etc. A l’université, j’ai suivi les pas de ma grande sœur qui m’y avait précédé de 05 ans en choisissant la science politique. À l’époque j’étais passionnée de relations internationales, de géopolitique et rêvais de devenir diplomate. Puis j’ai rencontré la sociologie politique, qui m’a fait m’intéresser à mon pays, à sa construction, à ses diversités, à ses réalités de tout ordre, le terrain n’était plus la scène internationale, mais l’espace sénégalais, ses populations, ses enjeux de sociétés. Ce qui m’amène à réfléchir sur les dynamiques identitaires en mémoire de maitrise en science politique.  Par la suite je m’inscris en Master des sciences sociales des religions dont je faisais partie de la première promotion. Mon éclectisme me pousse à changer de cap, ainsi commence ma valse entre étude et  travail,  travail et étude jusqu’à ce que je rate l’occasion d’obtenir mon diplôme de Master 2.

Ma première expérience professionnelle fut à Imagination Afrika une organisation basée à Dakar, qui promeut les pédagogies alternatives avec comme objectif de susciter chez les enfants l’esprit critique, l’esprit d’initiative et l’autonomie. Concrètement, le travail consistait à accompagner l’apprentissage des mathématiques par l’utilisation de l’environnement proche de l’enfant comme le marché ou chez le tailleur ainsi que par la réhabilitation de son patrimoine ludique avec notamment le Wuré. Par La suite j’ai contribué à la mise en place du premier farmers market de Dakar avec Loubess Dakar Farmers Market en 2015. Je me suis aussi aventurée dans l’entreprenariat privé en mettant en place une petite entreprise de pâtisserie traiteur intitulé  Cissé Ngaari. Je pense que la raison qui m’a guidée dans ces différentes expériences, au-delà de mon gout pour l’aventure, est qu’il s’agissait pour moi d’une façon même modeste de contribuer à l’amélioration des choses au Sénégal. Que ce soit par l’éducation ou par la promotion des producteurs et produits du terroir.

Aujourd’hui je suis revenue à l’université, et ai renoué avec les études. Je suis assistante Laboratoire d’Analyse des Sociétés et Pouvoirs/Afrique-Diaspora (LASPAD) En novembre 2016, Abdourahmane Seck me sollicite pour faire une petite recherche sur le sujet de l’alimentation de rue au Sénégal, il était question de descendre sur le terrain, d’observer,  de prendre des notes, photos et interviews avec les acteurs du milieu .C’est de cette façon que je me suis engagée dans le programme Humanities Across Borders en tant que assistante du projet Re-profiling Steet Food in Africa, Saint-Louis Senegal. Je pense que l’un des challenges de ce projet réside dans la création de consommateurs et citoyens conscients et respectueux des problématiques de l’environnement, de l’économie de partage, mais surtout engagés à vouloir construire une société équitable à l’égard de toutes ses composantes.

Je compte me consacrer à ma passion, à savoir la cuisine,  je vais reprendre mon service traiteur avec un focus spécial sur les céréales locales et le patrimoine culinaire sénégalais dans un premier temps. Ceci est mon objectif à  moyen long terme.